S’adapter aux nouveaux besoins en compétences professionnelles des marchés du travail

Digitalisation des services, automatisation des modalités de production, importance croissante de la technologie dans les processus industriels : face à ces grandes tendances mondiales, les besoins de main d’œuvre changent. Les futurs marchés du travail exigeront un éventail de compétences en constante évolution pour faire face aux défis de la digitalisation et de la quatrième révolution industrielle.

L’EFTP apparaît comme le cycle éducatif le plus adapté pour contribuer au développement des compétences numériques (digital upskilling) dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des services. La transition de l’économie globale requiert toutefois des capacités d’adaptation élevées de la part des systèmes de formation en Afrique. L’IIPE-UNESCO Dakar a identifié des acteurs et facilitateurs susceptibles d’accompagner ces nouvelles dynamiques.

Favoriser l’actualisation des compétences digitales en s’appuyant sur de nouveaux pourvoyeurs de formation privés

La pression du contexte pandémique sur les marchés du travail a accéléré le développement de pratiques innovantes à petite et moyenne échelle visant à actualiser les compétences des individus. En Afrique, plusieurs initiatives remarquables sont à signaler : elles mettent l’accent sur les compétences digitales dans des secteurs professionnels où le numérique est encore peu développé.

  • Agriculture : les contenus d’apprentissage de DigiFarm destinés aux agriculteurs au Kenya

 

Lancée en 2017 par un opérateur téléphonique, cette application mobile kenyane permet aux petits exploitants agricoles d’accéder non seulement à des services digitaux (approvisionnement en matières premières, suivi de leur production) mais également à des contenus d’apprentissage, dont certains accessibles par SMS. Elle est utilisée par plusieurs centaines de milliers d’agriculteurs au Kenya, qui peuvent ainsi facilement actualiser, moderniser et élargir leur spectre de compétences pour améliorer leurs pratiques agricoles et leur gestion financière. Cette initiative contribue donc à leur montée en compétences (upskilling). Pour ce faire, elle s’appuie une plateforme spécifique du pourvoyeur d’éducation digitale Arifu (entre autres partenaires).

  • Transports : l’entreprise Max renforce les compétences digitales des chauffeurs au Nigéria

Les chauffeurs de taxi et de moto-taxi de la société de transport privé Max peuvent accéder à un service de formation sur le service client (vidéo en anglais) et en alphabétisation digitale. Cette solution issue d’une initiative privée leur permet d’acquérir des compétences numériques de base favorisant une intégration durable sur le marché du travail.

  • Artisanat : FUNDIS contribue à renforcer les compétences des artisans du secteur informel au Kenya

Les initiatives en faveur du développement des compétences digitales en ligne émergent aussi dans des secteurs traditionnellement moins digitalisés, comme l’artisanat. L’application mobile Fundis, qui met en relation des plombiers, électriciens ou menuisiers avec des clients, permet à ces travailleurs de renforcer leurs compétences digitales et transversales à travers un programme de formation spécifique. Alors qu’ils exercent généralement dans le secteur informel, parfois sans aucune certification officielle, cette initiative leur permet, entre autres, d’apprendre à optimiser l’usage de leur smartphone dans le cadre professionnel et à identifier de nouvelles opportunités de travail.

Ces exemples témoignent du rôle chaque fois plus déterminant du secteur privé pour combler les lacunes en compétences. Les systèmes officiels étant perçus comme lents et peu réactifs, les entreprises cherchent à développer des dispositifs parallèles. Ces initiatives montrent aussi l’importance d’une implication multi-acteurs dans les projets de développement des compétences.

Les planificateurs et gestionnaires des dispositifs d’EFTP doivent s’inspirer de la démarche de ces plateformes pour combler les pénuries de compétences numériques et mettre en place des formations favorisant la reconversion.