Soutenir l’innovation dans les politiques rénovées de formation professionnelle
Dans le cadre du projet Pefop, l'IIPE Dakar a soutenu trois projets à caractère innovant pour explorer, dans différents territoires africains, comment des acteurs de la formation professionnelle explorent de nouvelles formes d'actions.
Découvrez ces trois projets en cliquant sur ce lien.
En amont du soutien à ces trois projets, l'IIPE-Dakar a défini une méthodologie qui vous est présentée ci-dessous.
Pour l’évolution des systèmes de formation professionnelle en Afrique, il est essentiel de promouvoir le développement, la valorisation et la capitalisation de nouvelles approches et idées qui portent un fort potentiel d’inspiration et de contribution à la solution des défis de la formation professionnelle.
Le soutien à l’innovation, que se propose de mener l’IIPE-UNESCO Dakar, a une double dimension :
- Soutenir financièrement des innovations susceptibles de contribuer au développement des politiques de formation professionnelle. Le soutien vise à renforcer la pérennisation des pratiques innovantes et prometteuses en leur offrant un soutien ciblé et temporaire.
- A travers le renforcement et le rayonnement du partage de connaissances, veiller à ce que les innovations soutenues fassent l’objet d’une capitalisation pour mieux apprécier les conditions de leur succès et de leur reproductibilité. Les leçons tirées seront documentées, diffusées et mises en débat. Pour chaque pratique appuyée, un document de capitalisation sera produit.
En valorisant les acteurs divers, prêts à innover et en documentant leurs expériences, l’IIPE-UNESCO Dakar vise à atteindre un effet multiplicateur qui pourra contribuer à l’évolution constructive des systèmes de la FP.
En vue de sélectionner les pratiques innovantes à soutenir, cinq thématiques ont été arrêtées et mises en ordre de priorité. Il s’agit des champs d’intervention pour lesquels il est attendu que les innovations constituent une source d’exemples et d’inspirations pour impulser les efforts de réforme de la formation professionnelle dans la région. Pour être soutenue, une pratique innovante doit donc justifier sa contribution à au moins une des thématiques prioritaires suivantes :
- 1) L’impact sur l’insertion des bénéficiaires
Une pratique proposée au soutien à l’innovation démontre sa capacité à contribuer à augmenter le niveau d’insertion des bénéficiaires visés. L’appréciation du niveau d’insertion intègre une double dimension. Quantitative en termes de niveau (pourcentage si possible) d’insertion des formés, et qualitative en termes de pérennité de cette insertion.
- 2) L’implication des professionnels
Le porteur de la pratique soumise au soutien à l’innovation démontre que la pratique est conçue, pilotée et mise en œuvre dans une logique de partenariat avec les professionnels concernés (formels ou informels). Un intérêt particulier est accordé à l’approche de définition du contenu de formation (curricula, …), au déroulement de la formation (apprentissage, alternance, …) et à la démarche de certification des compétences impliquant les professionnels.
- 3) Degré de pérennité du financement
Le porteur de la pratique candidate au soutien à l’innovation démontre que le financement de la pratique est conçu de façon soutenable. Cela concerne aussi bien les frais de gestion/fonctionnement que ceux des infrastructures/équipements. Il s’agit de proposer et mettre en place des mécanismes de co-financement et d’autofinancement, à moyen et long termes, qui réduisent au maximum la dépendance des subventions publiques ou des ressources extérieures ponctuelles.
- 4) Liens avec les métiers prioritaires en fonction du contexte
La pratique proposée au soutien à l’innovation vise les métiers orientés aux secteurs économiquement prioritaires par rapport au contexte. Cela concerne aussi bien les secteurs qui recrutent fortement que ceux qui sont supposés croître de façon significative dans les années à venir en fonction des développements économiques et sociales et qui demandent une main d’œuvre formée.
- 5) Amélioration de l’accès des groupes marginalisés
La pratique proposée au soutien à l’innovation participe à l’amélioration de l’accès à la formation professionnelle pour des groupes marginalisés. Les groupes de personnes marginalisés peuvent varier selon le contexte local mais incluent typiquement des individus en milieu rural, les femmes et les filles, les personnes à capacité réduite, les personnes à faible niveau socio-économique et les publics en sous-emploi ou chômage. Il s’agit d’encourager et faciliter l’accès à la formation par la décentralisation, l’expansion ou le développement des filières de formation visant ces groupes.
Deux dimensions sont à prendre en considération pour considérer une pratique innovante : le contenu de la pratique et son niveau de finalisation.
- Par rapport au contenu :
- La pratique innovante visée peut être soit:
- un dispositif complet de formation professionnelle, soit une pratique qui impacte ce dispositif.
- une action entreprise dans un pays pour opérationnaliser des éléments de la politique nationale en matière de formation professionnelle et qui constitue une solution à une situation de blocage ;
- Une pratique qui propose soit :
- des solutions créatives et nouvelles aux situations de blocage ;
- une idée qui n’est pas forcément nouvelle ou inédite, mais qui pourrait signifier le changement d’un élément principal dans une pratique existante ailleurs, un changement progressif d’une approche ou l’adaptation locale d’une idée qui s’est montrée efficace dans un autre pays ou contexte.
- La pratique innovante visée peut être soit:
- Par rapport à l’avancement de la pratique :
- une pratique en cours qui a déjà une certaine maturité mais dont certaines dimensions/composantes restent inachevées ;
- les porteurs de la pratique rencontrent quelques difficultés (freins) dans la finalisation/achèvement des dimensions/composantes susmentionnées ;
- une pratique qui a déjà montré des dynamiques ou même des effets positifs sur une petite échelle et a besoin de soutien pour évoluer et avoir une plus grande valeur.
Exemples de pratiques ayant un potentiel démontré et que l’on souhaite améliorer ou institutionnaliser qui pourraient soumissionner au bénéfice de l’appui financier :
- Des entreprises se sont engagées à accueillir en apprentissage des jeunes en situation d’exclusion du système éducatif et de leur donner l’opportunité d’acquérir une qualification. L’opération qui s’est déroulée sur plusieurs années est positive, cette qualification ainsi que l’organisation des conditions de son acquisition ont la reconnaissance, la validation des entreprises et de la branche professionnelle à laquelle elles appartiennent. Néanmoins, la question du positionnement de cette qualification au sein des cadres existants de certification nationale se pose. L’IIPE-UNESCO Dakar pourrait soutenir la validation et l’ancrage formel de cette qualification au niveau national.
- Un établissement de formation professionnelle a développé un réseau d’entreprises partenaires qui prend régulièrement ses élèves en stage et participe aux activités de l’établissement. Avant chaque cycle d’alternance, les entreprises accueillent des formateurs en séjour dans leurs ateliers afin qu’ils s’imprègnent de leurs réalités et préparent au mieux l’alternance des élèves. L’IIPE-UNESCO Dakar pourrait soutenir un projet de perfectionnement technique des formateurs et inscrire les conditions de sa mise en place dans les textes réglementant la gestion de cette catégorie de personnel.
L’IIPE-UNESCO Dakar n’apporte donc pas d’appui financier à des pratiques encore au stade de conception théorique. Il n’appuie pas non plus la reproduction de pratiques avérées, formellement reconnues et valorisées et ayant abouties à des résultats probants que l’on souhaite déployer. Ces cas seraient plutôt rangés dans la catégorie des bonnes pratiques.
L’appui proposé n’est donc pas une prime ou une récompense financière que le bénéficiaire pourra utiliser librement.
L’IIPE-UNESCO Dakar appuie des pratiques innovantes qui ont un besoin démontré de soutien pour achever leur développement, devenir une pratique durable et pour atteindre leurs objectifs. La subvention sera utilisée afin de financer des éléments requis pour compléter les principales dimensions de la pratique, pour lesquelles le porteur rencontre des difficultés.
Le montant total de l’appui financier peut atteindre une valeur de trente mille dollars des Etats Unis (30 000 $). Il n’est pas accordé sous forme de prime. Il fait l’objet d’un plan d’action qui sera réalisé dans le cadre d’un contrat de services entre l’IIPE-UNESCO Dakar et le porteur de la pratique retenue.
Le soutien peut prendre de multiples formes en fonction des besoins de la pratique retenue comme par exemple :
- un appui à la finalisation des dimensions pédagogiques et réglementaires et leur ancrage au dispositif national ;
- un appui à la finalisation de la documentation de la pratique ;
- un appui technique pour faire évoluer la méthodologie de travail, développer une stratégie d’expansion, améliorer le système de gestion, etc. ;
- l’aide au réseautage avec les acteurs clés.
La forme concrète de l’appui à une pratique retenue sera élaborée en coopération étroite entre l’IIPE-UNESCO Dakar et le porteur de la pratique innovante retenue. Les porteurs des pratiques sélectionnées doivent être prêts à s’investir entièrement dans le processus appuyé en y consacrant le temps et les ressources internes nécessaires pour son succès.
L’IIPE-UNESCO Dakar ne finance pas les frais de fonctionnement de la pratique innovante comme par exemple le salaire du personnel, les frais administratifs généraux, les équipements, meubles et loyer de l’espace de travail, etc. L’IIPE-UNESCO Dakar ne soutient pas les pratiques qui profitent déjà d’un autre soutien financier ou technique concernant l’élément soumise pour financement. Au cas où un financement ou soutien alternatif existe, le postulant doit le déclarer et démontrer que l’élément en question n’est pas couvert et expliquer pourquoi il a réellement besoin de soutien.
Les pratiques sélectionnées feront l’objet d’un contrat entre l’IIPE-UNESCO Dakar et leurs porteurs. Ce contrat prévoit le respect de la feuille de route et la production de rapports intermédiaires pour le paiement de la subvention accordée. Le suivi de chaque pratique sera réalisé par un expert de la formation professionnelle.
Qui peut postuler ?
Les organisations de droit privé ou public, établies dans un des 11 pays que sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo, et impliquées dans la mise en œuvre de politiques de formation professionnelle pourront concourir à l’appel à candidature : services centraux ou décentralisés de l’État, collectivités territoriales, établissements publics ou privés de formation, d’enseignement ou de recherche, organisations professionnelles et syndicales, ONG, bureaux d’études, …etc.
La sélection sera effectuée par un Comité de Sélection (un comité ad hoc). Pour assurer la neutralité du comité, aucun membre ne pourra avoir un lien avec les pratiques présélectionnées.
Le processus de sélection se déroule en trois étapes :
- 1) Une première sélection sur dossiers se fera sur la base de l’éligibilité des pratiques.
- 2) La deuxième étape de sélection se fera sur la base des critères pondérés de sélection. Les pratiques avec les points les plus élevés seront retenues dans une liste de candidats présélectionnés. Il n’y a pas de seuil de points minimum pour être retenu et pratique
- 3) La troisième et dernière étape de sélection comprend la vérification des informations fournies par les postulants et le choix final des pratiques à financer.
L’IIPE-UNESCO Dakar procèdera par appel à candidature. L’appel sera diffusé sur le site web de l’IIPE-UNESCO Dakar (www.poledakar.iiep.unesco.org) et sur le portail web de la Pefop, spécifique aux acteurs de la formation professionnelle (www.pefop.iiep.unesco.org). il fera l’objet d’une promotion dans les réseaux et autres institutions internationales actifs dans la formation professionnelle en Afrique. Les pratiques doivent être soumises en utilisant le formulaire fourni à cet effet.
Un bénéficiaire ne peut introduire une nouvelle pratique que lorsqu’il a fini d’exécuter le premier appui.